E-santé : faire émerger l’offre française en répondant aux besoins présents et futurs des acteurs de santé
Interact
Soigner autrement est un impératif de santé publique dans un contexte de vieillissement de la population, d’augmentation des maladies chroniques, d’hyperspécialisation de la médecine, de désertification médicale et d’exigence accrue des patients. C’est également un impératif économique, compte tenu de la difficulté à financer des dépenses de santé qui croissent aujourd’hui plus fortement que le PIB. La France fait partie des pays occidentaux clairement touchés par ces problématiques. Ce sont autant de défis qui appellent à trouver de nouvelles solutions. Le terme d’e-santé a une acception très large puisqu’il désigne tous les aspects numériques touchant de près ou de loin la santé. Cela inclut notamment différents types de contenus numériques liés à la santé, appelés également santé numérique ou télésanté. De manière plus générale, l’e-santé englobe aujourd’hui les innovations d’usages des technologies de l’information et de la communication à l’ensemble des activités en rapport avec la santé. L‘e-santé contribue à apporter des réponses qui permettront de préserver les fondamentaux du système de santé tout en augmentant sa valeur ajoutée pour les professionnels comme pour les patients. Dans le parcours actuel, le barycentre se situe sur le soin. En cible, le poids de chacune des activités devrait évoluer avec le développement de la prévention, de l’accompagnement et de l’information de manière transverse. Le système de santé français s’est bâti autour du soin, c’est-à-dire du traitement des épisodes aigus de la maladie et a délaissé la prévention et l’accompagnement. Le développement des maladies chroniques nécessitant un suivi au long cours, en dehors des phases aigües, ainsi que le vieillissement de la population viennent bousculer ce paradigme. L’enjeu est désormais de: a) soigner de manière plus efficiente en sollicitant moins les ressources du système de santé en particulier l’hôpital. L’ancrage fort sur le "soin" diminue au profit de la prévention et de l’accompagnement. L’e-santé est un levier pour accompagner ce changement de paradigme. Les objets connectés et les applications peuvent aider les citoyens/patients à mieux se prendre en charge, à la fois pour la prévention et le bien-être. L’e-santé est également un atout pour faciliter l’appui aux patients en dehors des phases aigües de soins. Elle permettra grâce à un meilleur suivi du patient de détecter les éventuels risques et de proposer une prise en charge personnalisée. Le traitement massif des données dans une approche Big Data doit favoriser le développement de la médecine personnalisée dont on attend beaucoup tant en termes de traitements plus adaptés qu’en termes de réduction de la consommation des ressources grâce au ciblage des traitements. Le recours au système de santé sera plus personnalisé donc moins susceptible de surconsommation inutile; b) prendre en charge des parcours de soins de manière globale qu’il s’agisse de prévention, de soin, d’accompagnement ou encore d’information. Aujourd’hui, les activités du parcours santé constituent chacune un silo. L’objectif est désormais de s’assurer d’une continuité dans la prise en charge qu’elle soit sanitaire, médicale… Dans ce contexte, les frontières entre la prévention, le soin, l’accompagnement s’estompent et une certaine porosité s’observe. Les évolutions technologiques (objets connectés…) se diffusent rapidement, d’autant que la frontière est ténue entre le monde de l’information et de la santé, de la prévention et de la santé. L’e-santé est ainsi porteuse d’un potentiel d’améliorations pour le système de santé, pour ses professionnels comme pour les patients et la population en général, mais son déploiement peine, en particulier en France, à trouver sa voie et reste cantonné à des expérimentations qui se succèdent. Or, l‘e-santé ne modifiera réellement les pratiques qu’en changeant de dimension. Il faut passer d’un déploiement sur de petits volumes focalisés sur une population étroite, tant de patients que de professionnels de santé, à une utilisation massive et systématique afin de tirer les bénéfices en efficience et en qualité de prise en charge. Comme pour tous les secteurs d’activités, l’usage du numérique ne délivre, en effet vraiment toute sa valeur ajoutée que si son usage est généralisé sur l’ensemble de la chaîne. Ainsi, internet n’a bouleversé nos pratiques d’échanges entre les individus et l’accès à l’information que le jour où la population a été largement utilisatrice. De même, la dématérialisation des processus internes dans les entreprises n’a vraiment augmenté la productivité que le jour où chaque fonction a pu être intégrée dans un système d’information global de l’entreprise. L’engouement pour les ERP1 est venu bien évidemment, du constat que seule l’interconnexion des différentes fonctions dans le même SI apporte un gain radical en matière de qualité et d’efficience. L’étape supplémentaire a été franchie quand la chaîne de valeur intra-entreprise a pu être connectée, à un coût acceptable, via les réseaux internet, avec les fonctions externes à l’entreprise dématérialisant ainsi l’ensemble de cette chaîne et ce sans contraintes géographiques. La richesse de l’information numérique détenue a ainsi crû significativement apportant une valeur ajoutée très significative à l’entreprise (traitement des données, qualification de l’information…). Ce qui est vrai, ici, pour l’entreprise le sera pour la santé.