Title Original Language:
Quel modèle social? Note d'introduction au débat national "Quelle France dans 10 ans?"
Abstract Original Language:
Élaboré au cours des Trente Glorieuses, le modèle social français repose sur trois types de transferts :
■des assurances sociales collectives financées par des cotisations assises sur le travail et gérées paritairement par les représentants des salariés et des employeurs ;
■des prestations d’assistance généralement sous conditions de ressources, financées par l’impôt et par des taxes, et gérées par l’État et les collectivités territoriales ;
■des services publics gratuits et universels (éducation et santé) financés et organisés par l’État.
Le modèle social renvoie donc non seulement à la protection sociale mais aussi à d’autres institutions au cœur de la régulation économique et sociale en France.
Ce modèle est ébranlé dans ses fondements par l’apparition de nouveaux risques (chômage de longue durée, insécurité de l’emploi, déqualification, monoparentalité, dépendance, etc.) et par la montée des inégalités (de revenus, d’accès au marché du travail et aux services publics mais aussi plus largement de « possibles », qu’il s’agisse de réussite scolaire, de mobilité sociale ou de trajectoires professionnelles). Il est également fragilisé par les difficultés de financement de la protection sociale et par la crise de l’État providence. Pour beaucoup, il aurait atteint ses limites et serait confronté à une triple crise de légitimité, de solvabilité et d’efficacité.
Le modèle social est en même temps une composante centrale de notre cohésion sociale et de l’identité française. L’enjeu pour son avenir est de repenser les objectifs et les moyens que l’on entend lui assigner, en tenant compte de notre insertion dans une économie européenne et mondialisée. Trois questions apparaissent essentielles dans cette perspective : quelle prise en compte de la solidarité dans le modèle social ? quelle place de l’impôt, des transferts et des services publics dans la redistribution ? enfin, quelle part des ressources transférer de l’action curative vers l’action préventive face aux risques contemporains ?
Contributeurs : Claire Bernard, Hélène Garner, Camille Guézennec, Guillaume Malochet, Christine Raynard, avec la collaboration scientifique de Marc Ferracci et Alain Trannoy.
Abstract in English:
Created during the post-war boom years, the French social model is based on the following three types of transfers: collective national insurance funded by contributions based on employment and managed jointly by employee and employer representatives; generally means-tested assistance benefits, funded by taxes and duties and managed by the State and regional authorities; free and universal public services (education and health) funded and organised by the State.
The social model therefore relates not only to social protection but also to other institutions at the heart of economic and social regulation in France. The foundations of this model are being challenged by the emergence of new risks (long-term unemployment, job insecurity, downgrading of jobs, single parenthood, dependency, etc.) and by increasing inequalities (in terms of income, access to the job market and public services, and even, in more general terms, of ‘opportunities’, whether relating to academic success, social mobility or career progression). The difficulties associated with funding social protection and with the welfare state crisis have also had the effect of weakening the model. Indeed, for many, it will have reached its limits and will be faced with a triple crisis of legitimacy, solvency and efficiency. At the same time, the social model is a central component of our social cohesion and of the French identity. The key issue for its future is to reconsider the objectives and the means we intend to allocate to it, taking into account our place within both a European and a global economy. With this in mind, there would appear to be three key questions that need to be answered: to what extent is solidarity
taken into account in the social model? What positions do taxes, transfers and public services occupy in terms of redistribution? And finally what proportion of resources should be transferred from curative action to preventive action when it comes to dealing with modern-day risks?